M ~愛すべき人がいて~ | Chapitre 2

Chapitre 2
Je pense à M


Dès le début de l’année 1997, j’ai continué à faire du karaoké devant le producteur. Que ma performance soit bonne ou mauvaise, il vidait son verre avec la même expression en buvant le même liquide avant de lancer la chanson suivante. Parfois, nous allions dans un studio avec un piano pour que je puisse chanter.
Même lorsque le premier album d’un de ses artistes, produit par Seki, a été un succès et qu’il passait beaucoup de temps au bureau, le producteur prenait le temps de venir écouter mes chansons. Et en le voyant faire cela, je le sentais si intentionné envers moi. Sans que nous parlions beaucoup plus qu’avant.
Lors d’une froide soirée de janvier, j’ai reçu un mail indiquant qu’il m’attendait dans la salle VIP du Velfarre et je suis donc passée le voir avant la nuit. Il a lancé directement en me voyant arriver :

« Ayu, tu pars pour New York. »

Il avait décidé cela sans m’en parler avant, et pour une raison quelconque, les images du nouvel an de Times Square que j’avais vu à la télévision, sont apparues dans mon esprit.

« New York, le New York en Amérique ?
— En effet. Je vais préparer les billets d’avion et d’hôtel. »

Je me suis assise dans le canapé et j’ai demandé :

« Pour quand est prévu le départ ?
— Dès que possible.
— Pour combien de temps ?
— Trois mois. »

J’étais si surprise que j’ai ouvert les yeux en grand et retenu mon souffle. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

« Trois mois, seule à New York… Vraiment !?
— Oui, vas-y. Tu y prendras des cours de chant et de danse là bas. »

Je savais que mes bases en tant que chanteuse étaient mauvaises, et que je ne pouvais pas prétendre être une pro si je restais à ce stade. Je savais bien qu’un jour je devrai prendre des cours de chant. Mais là on parlait de New York. Je ne connaissais que Fukuoka et Tokyo, mais j’allais être seule à New York.
Le producteur a poursuivi en expliquant que les chanteurs avec lesquels il avait travaillé avaient tous pris des cours avec ces mêmes professeurs.

« Tu as un passeport n’est ce pas ?
— Oui, j’en ai un. »

L’année passée j’avais dû me rendre dans une station balnéaire me faire prendre en photo pour la couverture d’un magazine de manga.

« Je ne parle pas anglais, comment vais-je faire…?
— Achètes des livres de voyage en anglais.
— Je ne sais pas lire des livres tout en anglais…
— Ne t’en fais pas, je sais que tu vas t’en sortir. »

En entendant cela, j’ai ressenti un sentiment chaleureux envers cette personne.

« Quelqu’un part avec moi ?
— Non tu seras la seule, mais il y aura un correspondant là-bas appelé Oba-san. »

Je n’avais pas d’autre choix que d’accepter.

« Il fait chaud ou froid à New York en ce moment ? »

À cette époque là, ma connaissance de New York était égale à zéro, je savais juste que c’était en Amérique.

« Il fait froid, deux fois plus froid qu’à Tokyo.
— Aussi froid qu’à Hokkaidō ? »

J’ai imaginé un froid dans lequel je n’avais jamais été et un frisson a parcouru mon corps.

« Rentre chez toi. Rentre et commence à te préparer. Je te recontacterai pour plus de détails.
— …Oui, d’accord. »

En descendant les escaliers du Velfarre, je me suis imaginée dans l’avion pour New York et puis dans le studio, et en visionnant tout ça dans mon esprit, je me suis convaincue que tout irait bien.


Quand j’ai ouvert la porte et dit à ma grand-mère : « Je pars pour New York ! », elle m’a posé de nombreuses questions. Mais je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne pouvais qu’imaginer les choses à venir, répéter combien il faisait froid et que j’allais y prendre des leçons de chant et de danse là-bas.
Après avoir pris un bain et glissé dans mon lit, ma mère, qui rentrait seulement à la maison, a interrogé ma grand-mère à propos de mon voyage à New York et a dit : « Oh, c’est une bonne nouvelle. ». C’était l’habilité particulière de ma mère à réussir à s’échapper de ce genre de situation en un mot, comme si nous avions une certaine gêne entre nous. Mais cela m’allait.
Je me suis mise à repenser aux paroles de ma mère quand j’étais enfant, puis je me suis imaginée une ville deux fois froide que Tokyo et je me suis endormie en me disant qu’il me fallait des vêtements d’hiver dès demain car je n’en n’aurait pas assez.
Le lendemain, Mei, qui était venue avec moi faire les magasins, a déclaré : « C’est bien, Ayu. Ton rêve peut devenir réalité maintenant. », et elle a pris ma main dans la sienne.
Avais-je déjà parlé de mes rêves avec Mei ? Dans le train qui me ramenait à la maison avec un sac rempli de vêtements d’hiver, je me suis souvenue de l’époque où je voulais devenir ballerine. Quand j’étais petite, j’aimais la danse classique et j’ai sincèrement voulu devenir le genre d’adulte qui danse avec un tutu. Mais j’ai cessé de rêver d’être ballerine le jour où j’ai été repérée par une production de modèle à Hakata et que je me suis mise à travailler pour ma mère et ma grand-mère.
Vivre toutes les trois, sans figure paternelle, était une partie importante de ma vie privée et il me semblait naturel de travailler pour aider ma grand-mère et ma mère. Je ne gagnais pas grand chose quand j’étais modèle pour une banque de Fukuoka, mais la joie d’avoir une vie normale sans être pauvre était ma fierté, celle qui ma fait sortir de l’enfance.
Mon esprit autonome a commencé à se rebeller contre les écoles qui me traitaient comme une enfant. J’étais toujours fâchée envers mes professeurs, fâchée que ma mère soit appelée pour venir me chercher. J’ai finalement eu de la chance d’aller à Tokyo.
Lorsque je suis rentrée dans une plus grosse agence à Tokyo et que j’ai déménagé là bas avec ma famille, je me suis vraiment heurtée à un mur. Je ne pouvais pas me produire par moi-même et je ne pouvais pas faire le travail que je voulais faire car je pensais cet univers trop lumineux pour moi. Mais je voulais agir en adulte alors je faisais mon boulot comme on me le demandait.
Je n’avais pas de rêves stables. Je ne savais pas dire si je voulais faire toutes ces choses ou non.
Et maintenant, je pouvais clairement penser à moi-même et à mon futur en mettant le passé de côté. En rencontrant cette personne, je pouvais apprendre à m’aimer moi-même et aller de l’avant grâce à mes nouveaux objectifs tels qu' »être chanteuse » ou « m’entraîner pour mes débuts ».
Je ne voulais pas me mentir à moi-même, ni à cette personne. Je voulais être moi-même et ne pas donner honte à cette personne. Je voulais aller à New York pour apprendre la chanson et pouvoir danser également.
Pour cette personne, pour cette personne, pour cette personne.
J’ai retenu mes sentiments au fond de ma gorge et je suis descendu du train.
Quand je suis rentrée à la maison, j’ai commencé à faire mes valises. J’ai glissé le sachet de soupe miso instantanée préparée par ma grand-mère sous mes vêtements de manière à pouvoir fermer ma valise.
Le lendemain, le producteur m’a communiqué des informations détaillées sur mon voyage alors que nous nous rendions dans un café-restaurant. Les coordonnées du correspondant Oba-san, l’adresse et la carte de l’hôtel et celle du studio, un sac contenant des informations supplémentaires, ainsi que des billets en dollars, puis nous avons informés les personnes concernées. J’ai regardé le bout de mes doigts. Je voulais entendre sa voix rassurante.

« Prendre des cours de chant à New York a l’air plutôt effrayant.
— C’est une bonne chose si tu as peur. »

Sortant de mes pensées, j’ai repoussé mes cheveux et je me suis redressée.

« Je vais y arriver ! »

J’ai déclaré ça d’une voix forte en quittant le restaurant. J’espérais que cela faisait partie du rêve d’une personne voulant devenir chanteuse.


« Il fait dix fois plus froid qu’à Tokyo, pas deux fois ! »

En disant cela à haute voix, mon souffle s’est transformé en cristaux de glace. Lorsque je suis sortie de l’aéroport international John F. Kennedy de New York et que je suis montée dans le taxi jaune avec Oba-san, venu m’accueillir, la vue de la ville gelée m’a semblé faire partie d’une autre planète.
L’hôtel était situé sur Times Square. Il y avait une longue file d’attente à la réception et il m’a fallu plus de quinze minutes pour atteindre le comptoir. Une femme avec un sourire parfait nous faisait face. Elle déclara « Enregistrement ? » et je réussi à lui répondre « Oui » en lui présentant la feuille de réservation et mon passeport. Elle s’est mise à taper rapidement sur son clavier d’ordinateur, et une fois l’enregistrement terminé, elle m’a tendu une clé.
Quand je suis entrée dans la chambre, j’ai ouvert ma valise et j’ai sorti mes bagages. Ma première leçon était pour le lendemain et Oba-san devait venir me chercher tôt dans la matinée.
J’ai remarqué que j’avais faim et que j’étais sur le point de m’écrouler. Et je n’avais rien dit depuis que j’étais sorti de l’avion.
Je ne pouvait pas parler anglais ni même comprendre la langue, alors je ne me voyais pas aller au restaurant. Les courses dans les supérettes me semblaient aussi tellement effrayantes. Heureusement, un McDonald’s au premier étage de l’hôtel était ouvert jusqu’à tard dans la soirée. J’y suis allée pour commander un hamburger et un milkshake. Mais personne n’a semblé réagir à ma demande. Ensuite, j’ai pris peur quand l’employé m’a dit avec un air mauvais : Que dites-vous ? Commandez correctement s’il vous plait. ». Je suis retournée dans ma chambre sans pouvoir rien acheter, avec regret, plus affamée qu’auparavant, et je me suis jetée dans mon lit.
Après cela, j’ai passé une heure à me battre pour avoir de l’eau chaude dans la salle de bain. Quand je suis sorti de la baignoire et que j’ai regardé les enseignes lumineuses de Times Square par la fenêtre, j’ai senti que ces trois mois allaient être extrêmement long et j’avais envie de pleurer.
Le lendemain, j’ai réussi à commander un hamburger au McDonald’s dès le matin et j’avais l’impression d’avoir pris ma revanche. Puis je me suis dirigée vers le studio en compagnie de Oba-san.
La coach vocale s’appelait Mayumi-san et m’a salué en disant : « Salut, Ayumi » puis elle m’a dit que nous allions commencer la leçon. Nous nous sommes dirigées en silence vers une pièce remplie de miroir.

« Aujourd’hui, je vais simplement écouter ta voix. Je veux savoir à quelle catégorie tu appartiens pour la prochaine leçon. »

Je me tenais les jambes un peu écartées et on m’a demandé de parler en restant bien droite. Je ne savais pas quoi dire pour cet exercice.

« Alors, fais comme moi. »

Je me suis mise à répéter les mêmes phrase que Mayumi-san. Au bout d’une heure, je transpirais de partout, comme si je venais de faire de la gymnastique.
Elle secoua la tête, écarta les mains puis les posa sur sa taille. Et déclara :

« Tes trois mois ici seront difficiles. Ayumi, il faut t’y préparer. »

Lorsque la formation vocale de Mayumi-san et les cours à l’école de danse ont débuté, je me suis sentie un peu plus rassurée, car n’étant jamais toute seule, je n’avais pas à parler anglais.
En fait, Mayumi-san était assez effrayante, plus que ne l’avait dit le producteur. Une fois, alors que je commençais à chanter, Mayumi-san m’a interrompu, m’a appuyé fort sur le ventre et s’est mise en colère « Tu n’as pas la bonne posture ou respiration et tu utilise mal ta gorge. Veux-tu vraiment apprendre à chanter ? »
J’étais trop désespérée pour sourire. J’écoutais les nombres en japonais puis en anglais pour ne pas perdre le rythme, mais j’étais tellement tendue.
Lorsque je me suis redressée pour reprendre mon souffle, j’ai ressenti un choc, comme si on m’avait éclaboussé d’eau froide dans le dos.

« Ayumi, tu as l’air fatigué. Tu veux arrêter ?
— Non, pas du tout, vraiment.
— La prochaine fois, je te ferai voir le studio.
— Oui, je ne l’ai jamais vu. »

Après un mois, le nombre de fois où elle s’est mise en colère n’a pas du tout diminué. Mayumi-san était avec moi huit heures par jour, essayant de trouver comment travailler ma voix et me faire chanter juste et haut. Mais je n’arrivais pas à trouver le bon ton, et j’en étais malheureuse.
Les studios de danse étaient parfois petits et remplis de danseurs qui auditionnaient pour Broadway. Tout le monde apprenait la chorégraphie avec sourire et nous faisions des performances compatibles avec un accompagnement au piano. Ils semblaient tous se battre pour quelque chose de précieux ou pour quelqu’un d’autre qu’eux même.
J’avais étudié le ballet pendant 10 ans, j’ai donc appris la chorégraphie et réussi à la danser facilement. Cependant, je n’avais pas l’esprit de compétition, donc j’étais à la traine dès le début.


Quand je suis retournée à ma chambre d’hôtel, je me suis assise sur mon lit et j’ai regardé une émission à la télévision pendant des heures sans en comprendre un mot. Excepté pour aller à la formation vocale et aux cours de danse, il y avait des jours où je ne sortais jamais de cette pièce.
Tout ce que j’attendais, c’était le son de mon téléphone portable qui sonnait une ou deux fois par semaine.
À chaque fois que mon téléphone sonnait et que je pouvais entendre la voix du producteur, les larmes se mettaient à couler.

« Tout va bien ?
— Oui, ça va, mais…
— Mais ?
— Est-ce que j’arriverai à chanter correctement un jour ?
— Oui, je te l’ai déjà dit.
— ………
— Ayu…
— Oui ?
— Fais-moi confiance. »

Je ne voulais pas faiblir. Je savais que si je finissais par rentrer chez moi, je ne pourrai plus lui faire face car il serait extrêmement déçu. Surtout, je ne pouvais pas fuir cette personne qui avait tout donné pour que je devienne «chanteuse», moi qui n’avait plus de rêve ou même d’espoir.

« Oui, je vais chanter et danser et je rentrerai à la maison quand je serai prête. »

Quand notre appel téléphonique s’est terminé, j’ai pensé à la distance qui me séparait de Tokyo. Et je me suis dit que mon cœur pouvait se sentir proche de lui, même si j’étais loin.
Le ciel de Tokyo et le ciel de New York étaient connectés, comme nos cœurs.
En regardant la lune se lever, j’ai ressenti des sentiments qui étaient différent que ceux que pouvais éprouver cette personne. En soupirant, je me suis dit que je devais les enfouir au plus profond de moi car ils ne devaient pas exister.


Au mois de mars, le printemps à Manhattan était déjà bien entamé. Un jour, le producteur m’a appelé :

« Je vais m’arrêter à New York pour mon voyage d’affaires aux États-Unis. Je passerai te voir demain. »

Dès que j’ai raccroché le téléphone, j’ai sauté sur le lit en secouant les mains et les pieds comme une enfant. J’ai immédiatement appelé Oba-san et lui ai demandé d’avancer la leçon de danse du lendemain.
Le lendemain après-midi, attendant dans le hall de l’hôtel, le producteur était là, seul.
Il m’a dit : « C’est parti » et nous sommes allés marcher. Il faisait froid, mais il faisait beau à Manhattan. Sans demander où nous allions, je l’ai laissé me guider en restant un peu derrière lui. J’ai remarqué que nous nous étions arrêtés en face du Prada sur la 5ème Avenue.

« Allons-y. »

Le directeur général a traversé la rue en direction du magasin et a sélectionné un manteau sur un cintre.

« Essaye le. »

C’était un manteau présenté en vitrine. Quand j’ai enlevé ma veste et que je l’ai enfilé, il m’a dit avant même que je termine de fermer les boutons.

« Oui, c’est parfait.
— Mais… Pourquoi ? Ce manteau est si cher.
— Parce que Ayu, il te va bien.
— …Merci. »

Nous sommes allés au restaurant avec mon sac en papier Prada et mon nouveau manteau à l’intérieur. Nous avons beaucoup parlé à tour de rôle et j’ai été surprise que cela fasse déjà deux mois depuis notre dernière rencontre.
Quand le repas fut terminé, le producteur a déclaré qu’il allait me reconduire à l’hôtel et a gardé le silence pendant un long moment, mais sur le chemin du retour, il s’est retourné et n’a prononcé que ces mots :

« Je t’attendrai à Tokyo. »

À ce moment là, je me suis fait une promesse en regardant le dos de cette personne sous le soleil de Manhattan au printemps. Que ce soit le chant ou la danse, j’allais terminer mon entrainement.
Je suis retournée dans ma chambre d’hôtel, j’ai pris un bain, je me suis mise en pyjama, j’ai sorti le manteau Prada, je l’ai allongé sur le lit, je me suis mise à côté de lui et je l’ai serrée dans mes bras.
Au fond de moi, je le savais, et je voulais y croire. Je devais arrêter de cacher ce sentiment d’amour.
Quand j’ai repensé à sa silhouette dans le hall de l’hôtel, je n’arrivais plus à retenir ce que je ressentais et je ne savais pas comment y faire face.
Si je suis devenue chanteuse et que j’ai pu faire mes débuts, c’est grâce à ce moment précis, celui où la grande course a commencé. Mais à ce moment là, je me demandais juste comment gérer mes sentiments à sens unique alors que nous allions passer énormément de temps ensemble.

Je veux te voir très vite.
Matsuura-san.

Enfouissant mon visage dans ce manteau flambant neuf, je l’ai appelé par son nom pour la première fois de ma vie.


Après trois mois de cours de chant et de danse à New York, l’entraînement intensif a continué même après mon retour à la maison. On m’a demandé de participer à un camp d’entraînement où des idoles et des jeunes chanteuses étaient réunies et j’ai accepté.
Nous avions régulièrement de la course à pied et un entraînement musculaire dans un espèce de dojo d’arts martiaux. Nous avions un certain nombre de méthodes pour entraîner nos muscles abdominaux et dorsaux, en exécutant des gestes à répétitions, suivis d’un entrainement plus long pour l’endurance.
Nous avions également différents cours de chant où nous devions entrainer nos voix à être puissantes, comme le chant d’encouragement des pom-pom girls, ou à chanter alors que nous étions allongées sur le ventre, et beaucoup ont abandonné à mi-chemin, s’effondrant de fatigue. Pas juste une ou deux personne, mais plusieurs filles ont abandonné.
Parmi les membres de mon groupe, je me sentais seule. Dans cet atmosphère uniquement féminin, je les entendais parler dans les vestiaires et je voulais juste les ignorer.
Je serrais les dents pour que mon cœur ne se brise pas. Mais, devais-je faire tout cela pour devenir chanteuse ? À certains moments j’ai été rongé par les doutes et je n’avais pas l’impression d’en voir le bout. Mais je pouvais entendre cette voix résonner à chaque fois :

« Fais-moi confiance. »

Ces paroles m’ont permise de soutenir mon corps fatigué et d’avancer. Pour cette personne en particulier, je ne devais pas faiblir.


Lorsque le camp d’entrainement a pris fin, mon environnement a commencé à bouger soudainement.
J’étais maintenant bien décidé à chanter mais je me suis heurté à la dureté de ce milieu. J’ai d’abord voulu le nier de toutes les cellules de mon corps.
Je n’avais jamais pensé que cela pouvait être mauvais, insupportable ou douloureux, mais la voie vers laquelle je m’orientais semblait plus violente et différait de celle que j’avais connu jusqu’ici.
Le directeur général m’a un jour présenté à d’autres personnes que je n’avais encore jamais vu. Le personnel du département de production d’Avex, les auteurs-compositeurs, les autres présidents et directeurs de production et les professionnels des médias. Les personnes qui partageaient sa vision, ou celles qui le soutenaient dans son travail, sont venues à ma rencontre et m’ont jugé. Une phrase reste encore gravée dans ma mémoire :

« Je ne peux pas vendre ce visage. C’est absolument impossible. Vous ne le voyez pas ? Pourquoi vouloir produire une enfant ? Vous devriez arrêter sans vous poser de question. Vous devriez simplement stopper ça. »

On m’a fait comprendre que je n’y connaissais rien au monde du divertissement, et personne n’a osé me regarder dans les yeux et ils ont simplement tourné la tête. J’avais l’impression d’être un boxeur, frappée d’un coup de poing au milieu du ring.
Puis, je me suis demandée comment réagissait le producteur et, lorsque j’ai tourné mon regard vers lui, il écoutait en silence, comme si rien ne s’était passé. Mais à ce moment-là, je pouvais voir que la paume de sa main sous la table se transformait lentement en poing, tremblant de colère
Oh oui.
Je ressentais moi aussi beaucoup de colère et j’ai dû encaisser cette situation. J’essayais de rester positive et de ne pas garder à l’esprit ce qu’on venait de me dire.
Quand j’allais dans les boutiques de CD, les albums des artistes Avex monopolisaient les étagères. Tous les clients présents étaient fascinés par ces chanteurs à la voix clair et pure.
Les chansons qu’ils produisaient se jouaient dans tous les magasins.
Si je déclarai ne pas avoir envié ces personnes qui produisaient des hits, je serai une grande menteuse. Mais je n’étais même pas encore sur la ligne de départ. Et je venais de me rendre compte qu’un certain nombre d’épreuves étaient à surmonter.
À force, je m’étais habituée à entendre les gens dire que j’étais une enfant, que je ne pouvais pas vendre de disque alors qu’ils n’écoutaient même pas mes chansons. Je restais là tranquillement à regarder le producteur général.
Là encore, il maintenait son poing fermé.
Même après avoir encaissé tout ça, le producteur n’a jamais dit qu’il regrettait son choix. Il semblait garder ses sentiments discrètement quelque part au fond de lui, écoutant l’opinion des personnes clés du monde du divertissement. C’est pourquoi j’ai aussi encaissé ces mots, ceux qui me disaient que je ne pouvais pas vendre ma musique, que je ne serais jamais populaire et que je n’étais pas assez mignonne, et je les ai enfouis dans mon cœur.
Le producteur et moi menions notre lutte contre ces personnes, tous les deux. Nous n’avions pas d’autre allié, mais nous n’en avions pas besoin.


Même si je pouvais sentir la froideur des gens qui m’entouraient, j’ai toujours eu à l’esprit que le producteur était là pour me protéger. Il restait à mes côtés, tel un grand arbre, m’abritant de l’orage, de la tempête et de la lumière du soleil à l’aide de ses branches, pour simplement m’aider à faire ce pour quoi j’étais venue.
J’avais un chemin à parcourir et un but à accomplir.
Mais… J’avais aussi un secret dans la poitrine. Et de temps en temps, mon secret semblait m’écraser de tout son poids.
Le producteur général ne savait pas grand chose de mes pensées. Donc, j’avais juste besoin de me taire. C’était bien comme ça. De plus, une nouvelle personne a fait son entrée à cette époque. Cette personne arrivait en même temps que le producteur et ils avaient l’air assez proches.
La nouvelle compagne du producteur assistait souvent à nos réunions et semblait en savoir beaucoup sur son travail, y compris sur moi-même. C’était une femme élégante avec des cheveux longs, de dix ans plus âgée que moi. Elle m’a gentiment parlé à chaque fois et m’a encouragée à faire de mon mieux pour mes débuts et à bien travailler. J’étais heureuse d’entendre ces encouragements et j’ai réussi à sourire sincèrement à la personne qui avait fait barrage à mes sentiments si cruellement.
Je fermais les yeux toutes les nuits et verrouillais mon cœur. Il était temps de geler ces pensées envers la personne qui m’a dit un jour : « Fais-moi confiance », mais qui ne m’aimerai jamais comme moi je pouvais le faire.
J’ai rangé le manteau Prada, vu passer la fin du printemps, puis l’été, et enfin la chute des feuilles d’arbres en bordure de route en restant concentré à plein temps sur le chant, sur ce que je devais faire pour mes débuts. Je m’en étais fait la promesse.


Un coup de téléphone a marqué cette fin d’année. La voix habituelle du producteur, calme et détendue, résonnait de l’autre côté du combiné :

« Ayu ?
— Oui ?
— Je me suis décidé pour tes débuts, le 8 avril de l’année prochaine.
— Pour mes débuts ? Vraiment ! »

Mes débuts ! Vraiment ? J’ai eu une quinte de toux qui m’a empêché de parler.

« Oui vraiment. Nous nous préparons pour ça depuis un moment.
— Mais, je n’arrive pas à y croire…
— Tu as pris toutes ces leçons dans ce but pourtant.
— …Vous me mentez n’est-ce pas ?
— Ce n’est pas un mensonge, tu vas devenir chanteuse.
— Oui, merci. »

Le producteur général a déclaré qu’il voulait un compositeur de confiance pour écrire les chansons, qu’il en sélectionnerait une et me la donnerait sous peu.

« C’est incroyable, ta première chanson Ayu.
— Ce sera une bonne chanson. Bien sûr, car vous allez sélectionner la meilleure. »

Mon cœur débordait d’émotions douces et chaleureuses, et je voulais exprimer de nombreux remerciements, mais je ne le pouvais pas. Le production a continué de parler en évoquant ma position sur la scène.

« J’y réfléchis depuis longtemps… je pense organiser un groupe de trois ou quatre personnes. Ayu, tu seras la chanteuse principale et les autres membres pourront aussi chanter.
— …Ah »

Au moment où j’ai entendu cela, ma voix est devenu faible et il ne pouvait plus m’entendre.

« Je vais m’en occuper. »
— D’accord.
— Parlons des détails du contrat. »

Le producteur a déclaré qu’il souhaitait rencontrer ma mère et lui parler de ce contrat. Il voulait la voir lors d’une réunion chez Avex, à Minamiaoyama.

« Très bien. »

Cela faisant une année que j’avais démissionné de mon précédent emploi, et j’allais enfin signer un contrat avec Avex. J’allais mettre les pieds dans un studio d’enregistrement ou sur une scène éclairée, là où je ne pensais jamais atterrir un jour dans ma vie. Plusieurs parties de mon corps ont commencé à bouger sous l’excitation.
Mais…
Je me suis accroupie sur place, tenant le téléphone dans mes mains.
Envisager un groupe était impossible pour moi.
Le producteur venait de me parler d’un groupe de trois ou quatre membres. Certes, j’étais la personne centrale du groupe, renforçant son impact et atteignant le cœur des spectateurs. Mais… C’était impossible pour moi. Je ne voulais pas m’exprimer dans un groupe. Je voulais chanter seule, toute seule.
Je voulais arrêter le processus, mais je ne savais pas quels mots employer, mais je ne voulais pas suivre le rythme d’autres personnes. Mon bulletin scolaire avait indiqué « Dois faire des efforts » dans la colonne « coopération » pendant six ans.
Au fur et à mesure que je voulais essayer de m’adapter aux autres, j’avais l’impression de perdre mon identité. Je ne pouvais pas bien évoluer dans un groupe, mon cœur restait figé, je me sentais punie. En étant seule, je pouvais vivre avec mes propres envies, sans affronter le regard des autres membres. Je me sentais même capable de pouvoir m’exprimer sans limite.
Le jour de la rencontre de ma mère avec la compagnie approchait, mon cœur et mon esprit étaient chamboulés comme un jour de tempête. Si le sujet du groupe revenait dans la discussion et que je faisais mes débuts sans m’y opposer, je n’aurai jamais mon mot à dire.
La veille de mon arrivée dans l’entreprise, j’ai appelé le producteur et je lui ai dit que je voulais le voir pour lui parler. Nous nous sommes retrouvés dans un café d’Aoyama et il attendait que je lui parle avec le même visage que d’habitude. J’ai alors dit :

« Je veux être seule, pas un groupe. Laissez-moi chanter seule. »

Je me suis dit qu’il n’étais pas obligé de suivre ce que j’avais décidé, et qu’il pouvait aussi annuler mes débuts. Je me suis assisse avec les yeux fermés.

« Oui, je comprends. »

J’étais inquiète, mais mon souhait avait été entendu.

« Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ?
— C’est d’accord, Ayu tu seras une artiste solo.
— Merci beaucoup ! »

Mes débuts en tant que chanteuse solo ont été accepté sur le champ. Le producteur s’est mis à me parler du contrat du lendemain, mais je n’ai rien entendu.
J’écoutais le son de mon cœur qui semblait sauter à l’intérieur de ma poitrine, me vidant peu à peu de mon énergie. Puis, le directeur général a déclaré :

« Je travaille actuellement sur ta démo Ayu. Je vais la remanier pour une carrière solo, puis je te la transmettrai. »


Peu de temps après, le producteur m’a remis une cassette contenant seulement quelques mélodies. Et en entendant les mots du producteur qui ont suivi, j’ai pris mon visage entre mes mains.

« Tu pourras y mettre tes propres paroles.
— Ouah !
— Tu ne veux plus ?
— Je n’ai jamais écrit de paroles. Comment puis-je m’y prendre ?
— Tu peux simplement écrire ce que tu pense. Cela n’a pas d’importance. »

Sur le chemin du retour, je me suis dit que j’avais besoin d’un cahier et d’un stylo, car j’allais devoir écrire des paroles et j’étais déjà paniquée. Je me suis arrêtée à la papeterie d’un grand magasin de Shibuya et j’ai acheté un petit bloc-notes épais et un stylo à bille avec la meilleure qualité d’écriture.
Mes toutes premières paroles. J’ai passé des heures à laisser ce cahier ouvert, essayant de retranscrire ce que j’avais à l’esprit. Que ce soit sur un petit canapé dans ma maison, sur une table d’où je pouvais voir le dos de ma grand-mère, dans un parc à proximité ou sur mon futon.
Mais je ne pouvais rien écrire. Je ne pouvais pas écrire une seule ligne. J’ai regardé les pages blanches pendant des jours en réfléchissant. Puis je me suis mise à repenser aux mots du producteur.

« …Écris ce que tu pense. »

Les phrases que je pouvais inventer disparaissaient dès que je voulais les mettre sur le papier. Il ne me restait plus qu’à essayer d’écrire mes pensées.
J’allais écrire sur moi-même. Et laisser s’exprimer ma vraie nature. J’allais écrire une lettre au producteur général.
En relisant les paroles que j’avais commencé à écrire dans mon cahier, je me suis rendue compte que rien n’avait beaucoup changé depuis mon enfance. J’étais seule depuis toujours. Même si quelqu’un était à mes côtés, la solitude ne quittait jamais mon corps. J’ai toujours voulu rester forte. En fait, j’ai continué tout ce temps à cacher ma faiblesse, à travailler mon visage souriant, à être fausse et avancer sous le mensonge.
Je me suis mise à écouter la démo à plusieurs reprises sur mon Walkman, à écrire quelques lignes en coupant le son, puis j’écoutais à nouveau en chantant un peu sur la mélodie.
Enfin, j’ai recopié les paroles sur un papier à lettre violet pastel. Puis je suis allée les remettre au producteur.

« J’ai écris cela comme une lettre parce que je ne sais pas comment écrire des paroles. Merci pour votre lecture. »

Lorsque j’ai ouvert l’enveloppe dans la salle de réception de l’entreprise, le producteur a tendu sa main et a saisi le papier avec douceur. Il a déplié la feuille avec un visage mystérieux et a commencé à la lire en silence.

Pourquoi pleures-tu ?
Pourquoi es-tu perdu ?
Pourquoi t’arrêtes-tu ?
Hé, dis le moi

Depuis quand suis-je devenue adulte ?
Quand ai-je arrêté d’être une enfant ?
Où est-ce que je vais ?
Hé, jusqu’où irons-nous ?

Je n’ai pas trouvé ma place
Je ne sais pas à quoi m’attendre dans le futur

On m’a toujours dit que j’étais une enfant forte
J’ai été félicité de ne jamais pleurer
Mais je ne voulais pas entendre ces mots
Alors je faisais semblant de ne pas comprendre

Pourquoi ris-tu ?
Pourquoi es-tu à mes côtés ?
Pourquoi pars-tu ?
Hé, dis le moi

Depuis quand suis-je devenu plus forte ?
Quand ai-je commencé à ressentir de la faiblesse ?
Combien de temps vais-je devoir attendre
Le jour où l’on pourra se comprendre ?

Le soleil va se lever et nous allons bientôt devoir partir
Je ne peux pas rester au même endroit éternellement

Avoir confiance en quelqu’un signifie l’autoriser à vous trahir
Par peur d’être rejetée je me suis mise à penser comme ça
Je n’avais pas ce genre de force à cette époque
Pourtant, j’ai cru que je le pouvais

On m’a toujours dit que j’étais une enfant forte
J’ai été félicité de ne jamais pleurer
Pour tout ces gens qui disaient cela autour de moi
Même sourire m’était douloureux

Née seule pour vivre seule
Je pensais sûrement que vivre comme cela était naturel

Je retenais mon souffle, en me demandant ce que pouvait penser le producteur. Je me demandais si j’étais vraiment capable d’écrire de vraies paroles. La peur grandissait en moi.
Quand j’ai baissé les yeux et regardé le bout de ma botte, sa voix s’est élevée :

« Tu es incroyable…
— …
— Tu as tellement de sensibilité.
— Pardon ?
— Tu vis en pensant à tout ça.
— J’ai seulement réussi à écrire sur moi-même…
— C’est vraiment étonnant de pouvoir transformer tes pensées en paroles à ton âge.
— …Merci.
— Tu as du talent. Tu peux écrire encore plus. »

L’anxiété qui m’enlaçait comme vigne épineuse se brisa et disparut d’un coup.

« Tu pourras simplement écrire ce que tu penses à l’avenir.
— Je me demande si je peux le faire… mais je vais essayer ! »

J’étais en train d’être complimentée par max matsuura ? C’était réel ?
J’ai toujours été réprimandé par mes enseignants et par ma famille. Même si je suis finalement venue à Tokyo, je ne pouvais pas me produire moi-même et je ne pouvais pas trouver de travail qui me plaisait. C’était une vie sans côté positif. Et à ce moment, j’étais complimentée par la personne dont j’étais tombée amoureuse et par le producteur le plus respecté au monde.

« Je veux que tu écrives la chanson suivante. Je pense que les chansons d’Ayu doivent toutes être écrites par Ayu. »

Quand j’ai entendu ces mots, j’ai perdu la raison en pensant que je n’avais pas le temps de faire tout ça. Je n’avais pas d’autre choix que de faire de mon mieux. Mais pour moi, ce n’était ni un devoir, ni une responsabilité. C’était « amusant » d’écrire ces paroles.
J’avais enfin quelque chose à faire dans ma vie quotidienne. Je trouvais ça joyeux et amusant, et j’ai écouté la démo afin de la connaitre par cœur, afin de concevoir les paroles à inscrire dans mon cahier. Je n’étais pas douée pour parler et c’est pourquoi je n’aimais pas exprimer mes sentiments avec des mots, mais je pensais que cela pouvait être ma façon de transmettre mes pensées.
J’avais trouvé un but dans ma vie.
J’en suis venue à penser à la popularité que cela pouvait engendrer.
Tous les mots qui me venaient à l’esprit était le reflet de cette frénésie. J’ai été surprise de voir que je pouvais ressentir cela.
Je m’étais décidé à écrire à cette personne dont j’étais amoureuse. Une lettre qui évoque de vrais sentiments, à travers des paroles.
J’ai refermé une enveloppe avec cette lettre et je l’ai déposé à la société.

C’est toujours si facile de pleurer, mais j’ai envie de rire
Je veux ton amour

Ma vraie personnalité
Je la cherche au milieu de tous ces gens
J’ai peur de l’irresponsabilité qui me fait mentir et m’excuser

C’est toujours si facile de pleurer, mais j’ai envie de rire
Je veux être honnête parce que j’ai peur d’oublier d’être gentille si je reste forte
Je veux ton amour

Les gens vivent toujours seuls
C’est pourquoi je voulais quelqu’un qui me soutienne
Je n’ai pas de certitude, mais mon cœur y croit

Si je trouve une chose importante, je la protègerai
Si je vise trop haut, je pourrai me relever même si je suis blessée.
Je ne veux rien d’autre, mais j’en ai juste besoin
Je veux ton amour

Je suis sortie sur le trottoir devant l’entrée de la compagnie, j’ai respiré l’air pur dans ma poitrine et je me suis mise à marcher car je ne pouvais plus rester immobile.
J’étais un peu gênée d’avoir écris ces sentiments que personne ne connaissaient et qui allaient révéler ce qui était caché au fond de mon cœur.
Cependant, je me suis rassurée en me disant que je pouvais vivre en protégeant quelque chose d’important.
J’ai reçu la bénédiction du soleil d’hiver. A ce moment, ma joie venait de surpasser ma tristesse.
Cette personne allait lire cette lettre. Toutes mes pensées. Ma confession d’amour.
Merci de m’avoir trouvé, moi si minuscule dans ce monde, avec pour objectif de chanter et d’avancer ensemble.
Ma future popularité devait devenir ma principale raison d’être. Cependant, l’homme dont j’étais tombée amoureuse était le fondateur, le directeur général et producteur d’Avex.
Un amour rempli de désespoir qui ne pouvait se réaliser.
Mais maintenant je pouvais chanter aux côtés de cette personne.
C’était suffisant pour moi.